Identité graphique de mille formes
Paul Cox et la naissance de mille formes
artiste designer.
Mon premier contact avec le projet mille formes, s’est fait par Patrice Chazottes et Sarah Mattera. Je connaissais Patrice de longue date, depuis l’exposition « Jeu de construction » en 2005 au Centre Pompidou.
Cette exposition était un peu l’ancêtre de ce qu’on a montré dans mille formes. Elle était accompagnée d’un blog que je tenais chaque jour durant toute la durée de l’exposition et qui a donné lieu à la publication d’un livre fin 2018 (Jeu de construction, publié par les éditions B42 et le Centre Pompidou). C’est Patrice qui m’a contacté pour concevoir l’identité graphique de ce nouveau lieu. Laure Jaffuel avait déjà commencé à travailler sur le projet. Je me suis coulé dans le projet en imaginant un logo, une police propre à mille formes et tout un corpus de formes qui pourraient être utilisées pour la signalétique, quelque chose qui me semblait juste. J’ai présenté d’emblée un projet un petit peu exhaustif où il y avait d’une part cet alphabet, au sens très large, avec une police complète, des lettres, des chiffres et une ponctuation, et puis le pendant qui était un ensemble de formes où je prenais à la lettre le nom mille formes.
J’ai répondu au nom mille formes en proposant ces multitudes de formes qui sont très proches des lettres de l’alphabet. Le point commun de toutes ces formes, qu’elles soient alphabétique ou non, est qu’elles sont sans angle. Elles sont toutes arrondies pour créer un ensemble accueillant, presque ergonomique. Il y a l’idée qu’elles sont adaptées à des enfants, qu’ils pourraient les saisir.
Certaines formes sont non figuratives, d’autre le sont d’avantage, elles pourraient rappeler des arbres, des ponts, ou un fruit, une fleur. Je connaissais assez bien le travail de Laure Jaffuel, il y avait une affinité, j’avais vu ses gonflables et je sais qu’elle appréciait aussi mon travail. Toutes les références qu’elle citait pour mille formes me parlaient, Aldo van Eyke, le Bauhaus. Ses premières recherches pour mille formes portaient sur des éléments assez linéaires, rectilignes, aussi, je me suis dit que j’allais m’inscrire en contraste sympathique. L’idée des formes moles, rondes est un pendant contrasté à ce qu’elle avait déjà esquissé, mais avec une volonté d’harmonie, une sorte de contraste harmonieux. Dès la première présentation que j’ai faite, Laure a annoncé qu’elle les incorporerait à son travail.
Mon projet a un peu changé par rapport au départ, je proposais avec l’alphabet des cases qui, chacune, enveloppaient une forme ou une lettre. Cette proposition a été conservée pour le logo et pour les publications imprimées, en revanche on l’a abandonnée pour la partie signalétique. On pensait indiquer chaque endroit de mille formes par une mention écrite et, au final, on a identifié chacun des espaces par une forme.
A la demande de Sarah, j’ai retenu un jeu de formes qui me plaisaient plus que d’autres, ça a été un choix arbitraire, sans relation symbolique entre le lieu et la forme retenue pour le signaler. La couleur est un sujet que j’aime bien traité par exemple dans mes livres, dans certains jeux. Pour mille formes, j’ai limité la palette de couleur à quatre couleurs, jaune, rouge, vert, bleu. Pour moi, une palette limitée n’est pas un frein à l’abondance des combinaisons possibles, j’ai joué sur des contrastes simples. Le pari était que le public, les enfants ou les adultes accompagnants, repère cette forme choisie arbitrairement. J’avais envie de faire la différence entre des pictogrammes qui donnent directement une information et ce qui se passe à mille formes où le public s’approprie les lieux. Au final je trouve que mille formes présente un mélange de radicalité, d’aspect strict et de caractère accueillant. Je trouve que c’est un lieu idéal.
In : Les premiers pas de mille formes. 2021