Silvana Mc Nulty a d’abord acquis un important savoir-faire technique à l’AFEDAP (2013-2015) dans le domaine de la bijouterie. Elle a ensuite passé trois ans à la Gerrit Rietveld Academie (Amsterdam) dont elle sort diplômée en 2019. Puis elle a poursuivi son apprentissage artistique à la Haute école des arts du Rhin (HEAR) de Strasbourg (2019-2020).
La pratique de Silvana Mc Nulty s’inscrit au croisement de la sculpture, de l’objet, de l’installation et du bijou. Elle place au centre de ses recherches la matière brute qu’elle vient sculpter, creuser, couper, assembler. Sa pratique du tissage et du patchwork lui permet un assemblage hétéroclite où se confrontent et se mélangent organique et artificiel : perles, graines, coquillages, métaux, éléments en plastique ou bibelots. Elle crée ainsi des objets à la fois souples et instables dont le statut hybride suscite le trouble. La matière en mouvement, protéiforme, voire « informe » qu’elle travaille de ses mains révèle le désir paradoxal de figer l’éphémère.
« Mon travail s’articule autour de la matière. Je cherche à comprendre la structure intime des matériaux, les qualités propres a chacun. Pour ce faire j’explore. Explorer c’est tourner autour, traverser un espace dans toutes ses dimensions, s’y perdre et s’y retrouver. Donc j’épluche, je décortique, je transperce…
Je cherche à susciter un trouble, une contradiction en confrontant dans un même objet des atmosphères, des textures, des formes et des gestes à priori incompatibles. Souvent la fragilité intrinsèque de la matière est contrebalancée par la puissance du geste. La fragilité poussée à l’extrême fait planer une menace permanente, celle de l’effondrement même.
Ma méthode de travail me permet de travailler de manière quotidienne, régulière et spontanée, avec une forte dimension expérimentale. L’échelle de la main m’intéresse tout particulièrement, pour l’intimité qu’elle suscite, mais également l’autonomie et l’indépendance qu’elle autorise.
Je crée ainsi des fragments, bribes, morceaux, qui à l’image d’un puzzle se déploient pleinement dans l’espace, et deviennent œuvre par leurs confrontations, accumulations ou enchevêtrements.
Le tissage et les techniques d’entremêlement, quant à elles, me permettent de créer un espace qui se contient lui-même et dans le même temps peut entrer dans un ensemble. Ces assemblages hétéroclites où naturel et artificiel se confrontent et se mélangent, créent un objet hybride, souple, mobile et instable. La matière en mouvement, protéiforme, voire « informe », peut s’adapter à l’espace ou au corps avec lequel elle rentre en contact.
J’appréhende le paysage du rivage comme une métaphore de mon travail. Frontière trouble entre la mer et la terre, le solide et le liquide, un rivage est en mouvement perpétuel. Soumis à l’action des vagues et des marées, à l’érosion et à la sédimentation ou encore aux ravages de la pollution, le rivage est un grand mélangeur, qui lie en une masse compacte, instable et mouvante, des éléments distincts voire même antithétiques. »
Silvana Mc Nulty est représentée par la galerie Florence Loewy à Paris
